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revenir à notre sujet, si l’on dit : l’homme est musicien, ou : le musicien est homme ; ou bien : le musicien est blanc, ou : le blanc est musicien, c’est dans le dernier cas, parce que l’un et l’autre sont les accidents du même être, et dans le premier, parce que musicien est l’accident de l’être. Le musicien n’est homme que parce que l’homme est accidentellement musicien. De même encore on ne dit que le non-blanc est, que parce que l’objet dont il est l’accident, est lui-même.

L’être prend le nom d’accidentel, ou bien lorsque le sujet de l’accident et l’accident sont tous les deux accidents d’un même être[1] ; ou bien, lorsque l’accident se trouve dans un être[2] ; ou bien enfin lorsque l’être où se trouve l’accident, est lui-même pris comme attribut de l’accident[3].

L’être en soi a autant d’acceptions qu’il y a de catégories[4], car autant on en distingue, autant ce sont de


  1. Prenons pour exemple Coriscus musicien blanc.
  2. Coriscus musicien.
  3. Le musicien est homme. Ce dernier cas rentre dans le précédent. Au fond il n’en diffère pas. Il y a seulement interversion des termes ; l’adjectif a pris la place du substantif, et le substantif celle de l’adjectif.
  4. Nous n’avons pas besoin d’expliquer le sens de ce mot dans la langue d’Aristote. Ce qui suit en donne une idée suffisante. Nous rappellerons seulement qu’Aristote compte dix catégories : Ἡ οὐσία, τὸ ποσόν, τὸ ποιόν, πρός τι, ποῦ, ποτέ, κεῖσθαι, ἔχειν, ποιεῖν, πάσχειν, l’essence, la quantité, la qualité, la relation, le lieu, le temps, la situation, la possession, l’action, la passion. Voyez le traité des Catégories, Bekk., p. 1 sqq. Souvent, dans la Métaphysique, Aristote mentionne les catégories, et en énumère, comme ici, un certain nombre, mais il n’en donne jamais la liste complète, et ne s’astreint jamais dans l’énumération, à un ordre déterminé.