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conseil est une cause, et le père est la cause de l’enfant ; et, en général, ce qui fait est cause, de ce qui est fait, ce qui imprime le changement l’est de ce qui subit le changement. La cause est aussi le but, et j’entends par là ce en vue de quoi une chose se fait. La santé est la cause de la promenade. Pourquoi se promène-t-on ? C’est pour se bien porter, répondons-nous ; et, en parlant ainsi, nous pensons avoir assigné la cause. Enfin, on nomme causes, tous les intermédiaires entre le moteur et le but. La macération, par exemple, la purgation, les remèdes, les instruments du médecin, sont des causes de la santé ; car tous ces moyens sont employés en vue du but. Ces causes diffèrent toutefois entre elles, en ce qu’elles sont, les unes des instruments, les autres des opérations. Telles sont à peu près les diverses acceptions du mot cause.

Il résulte de cette diversité d’acceptions, que le même objet a plusieurs causes non-accidentelles : ainsi la statue a pour causes et l’art du statuaire et l’airain, non pas par son rapport à quelque autre objet, mais en tant qu’elle est une statue. Mais ces deux causes diffèrent l’une de l’autre ; l’une est cause matérielle, l’autre, cause de mouvement. Les causes peuvent aussi être réciproques : l’exercice, par exemple, est cause de la bonne santé, et la bonne santé l’est de l’exercice ; mais avec cette différence, que la bonne santé l’est comme but, et l’exercice, comme principe de mouvement. Enfin, la même cause peut quelquefois produire les contraires. Ce qui a été par sa présence cause de quelque chose, est dit souvent, par son absence, cause du contraire. Nous disons : Le pilote a, par son