Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/312

Cette page a été validée par deux contributeurs.

autre principe lui correspond, à l’extrémité opposée. Principe se dit ensuite de ce par quoi chaque chose se fait le mieux ; par exemple, le principe d’une science. En effet, il ne faut pas toujours commencer par la notion première et le commencement de la science, mais par ce qui peut faciliter l’étude[1]. Le principe est encore la partie essentielle et première d’où provient une chose : ainsi, la carène est le principe du vaisseau, et le fondement celui de la maison ; et le principe des animaux c’est, suivant les uns le cœur, suivant d’autres, le cerveau, suivant d’autres enfin, une autre partie quelconque du même genre[2]. Autre principe : la cause extérieure qui produit un être, ce en vertu de quoi commence le mouvement ou le changement. Ainsi, l’enfant provient du père et de la mère, et la guerre de l’insulte.[3]. Autre principe : l’être, selon la


  1. Voyez Categor., 8. Bekk., p. 8 sq.
  2. « Ou bien toutes les parties de l’animal sont engendrées en même temps, le cœur, le poumon, le foie, l’œil, etc. ; ou bien c’est dans un ordre successif, et, ainsi qu’il est dit dans les vers qu’on attribue à Orphée : L’animal se forme comme le tissu d’un filet. Or, on peut s’assurer, même par les sens, que tout ne se produit pas simultanément ; nous voyons dans l’animal des parties déjà développées, tandis que d’autres n’existent pas encore. Et l’on ne dira pas que la petitesse de celles-ci empêche de les apercevoir. Le poumon est de sa nature bien plus grand que le cœur. Or, il n’apparaît qu’après le cœur…. Si le cœur, chez quelques animaux, est ce qui naît avant tout, et ce qui correspond au cœur, chez ceux qui n’en ont pas, c’est le cœur qui est le principe des animaux qui ont un cœur, c’est ce qui lui correspond qui est le principe des autres animaux. » Arist. De anim. generat., II,Ι. Bekker, p. 734-755
  3. Dans le premier de ces deux exemples le principe est double : ce sont, suivant Aristote, deux principes contraires ; dans le second, il n’y a qu’un seul principe. Mais dans l’un comme dans l’autre le principe premier est le principe du mouvement. Voyez Arist, De anim. generat.,1,18. Bekk., p. 721. Dans ce passage, il cite, non pas précisément notre second exemple, mais ce vers du poète comique Épicharme : « De la médisance naissent les injures, des injures le combat. »