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De plus, on devra dire que cet intermédiaire existe également entre toutes les propositions contraires, à moins qu’on ne parle pour parler. Alors on ne dirait ni vrai, ni non-vrai ; il y aurait un intermédiaire entre l’être et le non-être. Par conséquent, il y aurait un changement, terme moyen entre la production et la destruction. Il y aurait même un intermédiaire dans les cas où la négation entraine un contraire. Ainsi il y aurait un nombre qui ne serait ni impair, ni non-impair ; or, cela est impossible, comme le montre la définition du nombre.

Ce n’est pas tout. Avec les intermédiaires on ira à l’infini. On aura, non-seulement trois êtres au lieu de deux, mais bien davantage. En effet, outre l’affirmation et la négation primitives, il pourra y avoir une négation relative à l’intermédiaire : cet intermédiaire sera quelque chose ; il aura une substance propre. Et d’ailleurs, lorsque quelqu’un interrogé si un objet est blanc, répond : non, il ne fait autre chose que dire qu’il n’est point blanc ; or, n’être pas, c’est la négation.

L’opinion que nous combattons a été adoptée par quelques-uns, comme tant d’autres paradoxes. Quand on ne sait comment se tirer d’un argument captieux, on se rend à cet argument ; on accepte la conclusion. C’est par ce motif que quelques-uns ont admis l’existence d’un intermédiaire ; d’autres, parce qu’ils cherchent la raison de tout. Le moyen de les convaincre les uns et les autres, c’est de partir d’une définition ; et il y aura nécessairement définition, s’ils donnent un sens à leurs paroles : la notion dont