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autre[1]. Cela deviendra évident si nous définissons ce que c’est que le vrai et le faux. Dire que l’être n’est pas, ou que le non-être est, voilà le faux ; dire que l’être est, que le non-être n’est pas, c’est le vrai. Dans la supposition dont il s’agit, celui qui dirait que cet intermédiaire existe ou n’existe pas, serait dans le vrai ou dans le faux : et pourtant, parler ainsi, ce n’est dire ni que l’être, ni que le non-être est, ou qu’il n’est pas.

Ensuite, ou bien l’intermédiaire entre les deux contraires est comme le gris entre le noir et le blanc, ou bien comme entre l’homme et le cheval, ce qui n’est ni l’un ni l’autre. Dans ce dernier cas, il ne pourrait pas y avoir passage d’un des termes à l’autre ; car, quand il y a changement, c’est, par exemple, du bien au non-bien, ou du non-bien au bien : c’est-là ce que nous voyons toujours. En un mot, le changement n’a lieu que du contraire au contraire ou à l’intermédiaire. Or, dire qu’il y a un intermédiaire, et que cet intermédiaire n’a rien de commun avec les termes opposés, c’est dire qu’il peut y avoir passage au blanc de ce qui n’était pas non-blanc : c’est ce qui ne se voit jamais.

D’ailleurs, tout ce qui est intelligible, ou pensé, la pensée l’affirme ou le nie ; et cela, elle le doit évidemment, d’après la définition du cas où l’on est dans le vrai, et de celui où l’on est dans le faux. Quand elle prononce tel jugement affirmatif ou négatif, elle est donc dans le vrai. Quand elle prononce tel autre jugement, elle est dans le faux.


  1. C’est-là le principe qu’on appelait dans l’École : Principium exclusi tertii.