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paraisse pas au goût ; que les choses ne paraissent pas les mêmes à chacun des deux yeux, s’ils sont différents l’un de l’autre.

Il est facile de répondre à ceux qui, pour les raisons que nous avons indiquées plus haut, prétendent que l’apparence est la vérité, et que par conséquent tout est vrai et faux également. Les mêmes choses ne paraissent pas à tout le monde, elles ne paraissent pas au même individu toujours les mêmes ; elles paraissent souvent les contraires dans le même temps. Le toucher, dans la superposition des doigts, donne deux objets lorsque la vue n’en donne qu’un. Mais, dans ce cas, ce n’est point le même sens qui perçoit le même objet, la perception n’a pas lieu de la même manière, ni dans le même temps : à ces conditions seules il serait exact de dire que ce qui paraît est vrai.

Ceux qui soutiennent cette opinion, non point parce qu’ils voient là une difficulté à résoudre, mais seulement pour discuter, seront donc forcés de dire, non point : Cela est vrai en soi, mais : Cela est vrai pour tel individu ; et, comme nous l’avons dit précédemment, il leur faudra rapporter tout à quelque chose, à la pensée, à la sensation. De sorte que rien n’a été, rien ne sera, si quelqu’un n’y a pensé auparavant ; si quelque chose a été, ou doit être, alors les choses ne sont plus toutes relatives à la pensée. Ensuite, un seul objet n’est relatif qu’à une seule chose, ou bien à des choses déterminées. Si, par exemple, une chose est à la fois moitié et égale, l’égal n’en sera pas, pour cela, relatif au double. Pour ce qui est relatif à la pensée, si l’homme et ce qui est pensé, sont la même chose,