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et d’une autre. De sorte que s’il y a quelque chose qui soit nécessaire, les contraires ne sauraient exister à la fois dans le même être. En général, s’il n’y avait que le sensible, il n’y aurait rien, n’y ayant rien, sans l’existence des êtres animés, qui pût percevoir le sensible ; et peut-être alors serait-il vrai de dire qu’il n’y a ni objets sensibles, ni sensations ; car tout cela est, dans l’hypothèse, une modification de l’être sentant. Mais que les objets qui causent la sensation n’existent pas, même indépendamment de toute sensation, c’est ce qui est impossible. La sensation n’est pas sensation d’elle-même ; mais il y a un autre objet en dehors de la sensation, et dont l’existence est nécessairement antérieure à la sensation. Car le moteur est, de sa nature, antérieur à l’objet en mouvement ; et admît-on même que dans le cas dont il s’agit l’existence des deux termes est corrélative, notre proposition n’en subsiste pas moins.

VI.

Voici une difficulté que se posent la plupart de ces philosophes, les uns de bonne foi, les autres seulement pour le plaisir de disputer. Ils demandent qui jugera de la santé, et en général, quel est celui qui jugera bien dans toutes les circonstances. Or, se faire