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pourra prétendre que deux et trois sont également des nombres pairs. Et celui qui pensera que quatre et cinq sont la même chose, n’aura pas une pensée fausse d’un degré égal à celle de l’homme qui admettrait que quatre et mille sont identiques. S’il y a une différence dans la fausseté, il est donc évident que le premier pense une chose moins fausse. Par conséquent, il est plus dans le vrai. Si donc ce qui est plus une chose, c’est ce qui en approche davantage, il doit y avoir quelque chose de vrai, dont ce qui est plus vrai est plus proche. Et même ce vrai n’existât-il pas, déjà du moins y a-t-il des choses plus certaines et plus rapprochées de la vérité que d’autres, et nous voilà débarrassés de cette doctrine effrontée qui condamnait la pensée à n’avoir pas d’objet déterminé.

V.

La doctrine de Protagoras part du même principe que celle dont nous parlons ; et si l’une a ou n’a pas de fondement, l’autre est nécessairement dans le même cas. En effet, si tout ce que nous pensons, si tout ce qui nous apparaît, est la vérité, il faut bien que tout soit en même temps vrai et faux. La plupart des hommes pensent différemment les uns des autres ; et ceux qui ne partagent pas nos opinions, nous les croyons dans l’erreur. La même chose est donc et n’est