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prétention de rendre à la dialectique son autorité souveraine à jamais perdue : elle ne peut, seule, donner la vérité ; on l’a dit à bon droit. Poser un principe, en faire ressortir habilement toutes les conséquences, ce n’est point établir une science ; reste encore à montrer ensuite la légitimité du principe, et la dialectique n’a pas ce pouvoir. Mais, pour refuser à la dialectique l’autorité d’une méthode exclusive, ce n’est pas à dire que nous la proscrivions tout à fait. La vérité, sans doute, brille par elle-même ; mais elle est souvent offusquée : elle a besoin de combattre, de se mesurer avec l’erreur ; il lui faut, en philosophie surtout, où les faux systèmes sont si nombreux, s’établir au milieu des ruines, déblayer le terrain, si elle ne veut être obscurcie ou périr même. Les systèmes s’étaient produits en foule dans la Grèce disputeuse, puis la lassitude était arrivée ; fatigués de toutes ces spéculations qui se détruisaient l’une l’autre, un grand nombre d’hommes s’étaient jetés dans le scepticisme. Quel devait être le rôle du philosophe qui prétendait régénérer la science, l’établir sur de nouvelles et inébranlables bases ? Devait-il simplement produire son système, le présenter nu aux attaques des doctrines contemporaines et du scepticisme ? Il eût bientôt succombé. Quiconque innove ne doit point redouter la lutte ; il doit la provoquer au contraire. Aristote venait faire une révolution ; il avait à renverser des systèmes ; avant d’édifier il lui fallait détruire : aussi, toujours chez lui le dogme se présente escorté de la critique. Tantôt il se jette au milieu des systèmes opposés, et, s’appuyant sur leurs propres principes, il les renverse au