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il faut nier l’existence de ce qui constitue l’existence de l’homme et l’existence de l’animal ; car si ce qui constitue l’existence de l’homme est quelque chose, ce quelque chose n’est ni l’existence du non-homme, ni la non-existence de l’homme. Ce sont là, au contraire, des négations de ce quelque chose, puisque ce qu’il signifiait, c’était un objet déterminé, et que cet objet était une essence. Or, signifier l’essence d’un être, c’est signifier l’identité de son existence. Si donc ce qui constitue l’existence de l’homme, c’est ce qui constitue l’existence du non-homme, ou ce qui constitue la non-existence de l’homme, il n’y aura pas identité. De sorte qu’il faut bien que ceux dont nous parlons disent que rien n’est marqué du caractère de l’essence et de la substance, mais que tout est accident. En effet, voici ce qui distingue l’essence de l’accident : la blancheur, chez l’homme, est un accident ; et la blancheur est un accident chez l’homme, parce qu’il est blanc, mais n’est pas la blancheur.

Si l’on dit que tout est accident, il n’y a plus de genre premier[1], puisque toujours l’accident désigne l’attribut d’un sujet. Il faut donc que l’on prolonge à l’infini la chaîne des accidents. Or cela est impossible. Il n’y a même jamais plus de deux accidents attachés l’un à l’autre. L’accident n’est jamais un accident d’accident que quand ces deux accidents sont les accidents du même sujet. Prenons pour exemple blanc et


  1. Οὐθὲν ἔσται πρῶτον τὸ καθόλου. Aristote entend évidemment par ce premier universel, le genre premier, la catégorie première, c’est-à-dire l’essence. Tous les genres sont des universaux, liv. XII, 1 ; et l’essence est le genre premier, Categor., 5. Bekk., p. 2.