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tifs, comparés à l’Être, à la substance éternelle, il n’est pas moins vrai que ce n’est que par l’homme et le monde sensible que nous pouvons nous élever jusqu’à Dieu ; avant d’arriver au sommet de la science, il faut passer par les degrés intermédiaires ; et si les systèmes qui se prétendent issus de cette intuition spontanée, supérieure à l’expérience, sont arrivés à quelque vérité, c’est encore à l’expérience qu’ils ont dû leurs découvertes. Peut-être nous dissimulent-ils les moyens qu’ils ont mis en œuvre, semblables au maçon qui détruit l’échafaudage sur lequel il s’est appuyé pour élever un temple, et qui ne nous laisse admirer que le monument ; peut-être même ont-ils oublié par quelle marche pénible, par quelle suite d’observations, ils sont arrivés à ces grandes vérités, qui dépassent de si loin l’expérience : et pourtant, qu’ils le sachent ou non, c’est l’expérience qui les a conduits. Aristote, plus que tout autre, eût été en droit de négliger les petites précautions, les observations qui peuvent paraître minutieuses à l’homme de génie ; il ne l’a pas fait cependant : personne n’a jamais observé, personne n’a décrit avec un soin plus scrupuleux.

La dialectique est encore une partie importante de la méthode d’Aristote. De nos jours, on n’a voulu voir dans la dialectique qu’une arme dangereuse, bonne tout au plus pour les sophistes, principe de tous les égarements du moyen-âge et des subtilités de la Grèce. On n’a vu dans les systèmes anciens, dans celui qui nous occupe en particulier, qu’une vaine production de cette futile méthode. Nous n’avons pas la