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cupent de sciences partielles, ni le géomètre, ni l’arithméticien, ne cherche à démontrer soit la vérité, soit la fausseté des axiomes : j’en excepte quelques-uns des Physiciens ; et cette recherche rentrait dans leur sujet. Les Physiciens sont en effet les seuls qui aient prétendu embrasser dans une science unique la nature tout entière et l’être. Mais comme il y a quelque chose de supérieur aux êtres physiques, car les êtres physiques ne sont qu’un genre particulier de l’être, c’est à celui qui traite de l’universel et de la substance premiére, qu’il appartiendra aussi d’étudier ce quelque chose. La physique est bien une sorte de philosophie, mais elle n’est pas la philosophie première.

D’ailleurs, dans tout ce qu’ils disent sur la manière de reconnaître la vérité des axiomes, on voit que ces philosophes ignorent les principes mêmes de la démonstration[1]. Il faut, avant d’aborder la science, connaître les axiomes : ce n’est pas dans le cours de la démonstration qu’on les peut trouver[2].

  1. Δι’ ἀπαιδευσίαν τῶν ἀναλυτικῶν. Il ne s’agit pas ici des deux traités d’Aristote qui portent le nom d’Analytiques, et où il expose les lois de la démonstration. L’expression a un sens plus général. Aristote entend évidemment par le mot ἀναλυτικῶν tous les principes, tous les procédés du raisonnement.
  2. Nous avons déjà cité ce passage des Deuxièmes Analytiques : « Toute science, toute connaissance intelligible, provient d’une connaissance antérieure. » On ne peut donc pas remonter à l’infini de connaissance en connaissance : il faut s’arrêter. Il y a donc quelque chose qui est la base de toutes les démonstrations, et qui ne se démontre pas. Dans chaque science particulière, ce sont précisément les axiomes. Si l’on remonte plus haut, si l’on s’élève jusqu’à la vérité souveraine ; si l’on fait, non plus la science d’un genre d’êtres particulier, mais la science de l’être, alors le seul principe qui ne se démontre pas, celui sur lequel reposent tous les autres, celui duquel tous les axiomes empruntent leur légitimité, en un mot le principe de toute certitude, c’est celui dont va parler Aristote, le principe de contradiction.