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vie qu’elle impose[1]. La dialectique essaie de connaître, la philosophie connaît : quant à la sophistique, elle n’est qu’une science apparente et sans réalité.

Il y a, dans les contraires, deux séries opposées, dont l’une est la privation ; et tous les contraires peuvent se ramener à l’être et au non-être, à l’unité et à la pluralité : le repos, par exemple, appartient à l’unité, le mouvement à la pluralité. Du reste, presque tous les philosophes s’accordent à dire que les êtres et la substance sont formés de contraires. Tous ils disent que les principes sont contraires, adoptant les uns l’impair et le pair, les autres le chaud et le froid, d’autres le fini et l’infini, d’autres l’Amitié et la Discorde. Tous leurs autres principes paraissent, comme ceux-là, se ramener à l’unité et à la pluralité. Admettons qu’ils s’y ramènent en effet. Alors l’unité et la pluralité sont en quelque sorte des genres sous lesquels viennent se ranger, et sans exception, les principes reconnus par les philosophes qui nous ont précédés[2]. Il résulte évidemment de là qu’une seule


  1. La différence est encore plus marquée entre le philosophe et le sophiste qu’entre le philosophe et le dialecticien : c’est celle de l’être et du paraître. Tout ce que veut le sophiste, c’est d’étonner les hommes, de faire croire à la science qu’il ne possède pas, et de tirer parti de la crédulité du vulgaire. Quant au philosophe, il ne prétend pas paraître autre qu’il n’est ; il cherche la vérité dans le seul but de connaître, sans aucune vue d’intérêt privé ; sa vie est un sacrifice perpétuel en l’honneur de la science : τοῦ βίου τῇ προαιρέσει.
  2. Aristote n’admet pas, comme on pourrait le croire, que tous les êtres proviennent des contraires. Tout ce qu’il veut prouver, c’est que, même en s’en tenant aux opinions des anciens, on est forcé de reconnaître que l’étude de l’être en tant qu’être et de ses propriétés est l’objet d’une science unique. Aristote réfute, liv XII, 10 et XIV, 1, le principe qui est la base de tous les autres systèmes.