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fications propres de l’unité en tant qu’unité, de l’être en tant qu’être, et non pas en tant que nombres, lignes ou feu, il est évident que notre science devra les étudier dans leur essence et dans leurs accidents. Le tort de ceux qui en parlent, ce n’est point de s’occuper d’êtres étrangers à la philosophie, mais c’est de ne rien dire de l’essence, laquelle est antérieure à ces modes. De même que le nombre en tant que nombre a des modes propres, par exemple, l’impair, le pair, la commensurabilité, l’égalité, l’augmentation, la diminution, modes et du nombre en soi et des nombres dans leurs rapports entre eux ; de même que le solide, en même temps qu’il peut être immobile ou en mouvement, lourd ou léger, a aussi ses modes propres : de même l’être en tant qu’être a certains modes particuliers, et ces modes sont le sujet des investigations du philosophe. Ce qui le prouve, c’est que les recherches des dialecticiens et des sophistes, qui s’affublent du vêtement du philosophe, car la sophistique n’est que l’apparence de la philosophie, et les dialecticiens disputent sur toute chose ; ces recherches, dis-je, sont toutes relatives à l’être. S’ils s’occupent de ces modes de l’être, c’est évidemment parce qu’ils sont du domaine de la philosophie ; la dialectique et la sophistique s’agitent dans le même cercle d’idées que la philosophie. Mais la philosophie diffère de l’une par les effets qu’elle produit[1], de l’autre par le genre de


  1. Il y a entre la philosophie et la dialectique la même différence qu’entre le vrai et le vraisemblable ; le vrai est irrésistible : on peut refuser son adhésion à ce qui n’est que vraisemblable.