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des anciens monuments ; il en forme un tout durable, et qui puisse résister à l’assaut des siècles. Justesse d’appréciation, hauteur de vues, respect pour le talent, même lorsqu’il échoue dans ses efforts, rien ne manque à cet examen des anciens systèmes, et cette portion de l’ouvrage est sans contredit un des plus beaux morceaux historiques que nous ait laissés l’antiquité.

La méthode d’Aristote est donc expérimentale, et c’est-là, à nos yeux, un grand titre de gloire. Nous ne partageons pas à cet égard les préjugés de l’Allemagne philosophique, qui ferait presque un crime à Aristote d’avoir proclamé l’autorité de l’expérience. Il est généralement reçu en Allemagne de ne considérer l’observation que comme un pis-aller ; on l’admet bien comme moyen de contrôle, mais on ne lui accorde pas le pouvoir de conduire par elle-même à la vérité ; on fait la science a priori, et, avec un dédain superbe, qui ressemble fort à celui de Platon pour le monde sensible, on rejette bien loin l’expérience. C’est de ce point de vue systématique qu’on a reproché à Aristote de n’avoir pas de prime-assaut abordé ces régions supérieures que ne peut explorer l’expérience, de s’être appuyé sur les connaissances expérimentales pour arriver aux notions supra-sensibles.

Nous ne dirons pas, avec Bacon, qu’il faut couper les ailes au génie : mais que le génie du moins ne présume pas trop de ses forces ; qu’il parte de la terre s’il veut s’élever vers les cieux ; que la terre soit toujours présente à ses regards, s’il craint de se perdre dans les espaces imaginaires. S’il est vrai de dire que l’homme, que le monde ne sont que des êtres rela-