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est principe ; et le genre l’est-il plutôt que l’individu ? Une autre question non moins digne d’être étudiée et approfondie est celle-ci : y a-t-il ou non, en dehors de la substance, quelque chose qui soit cause en soi ? Ce quelque chose en est-il ou non indépendant ; est-il un ou multiple ? Est-il ou non en dehors de l’ensemble (et par l’ensemble j’entends ici la substance avec sel attributs ? En dehors de quelques individus et non des autres ; et quels sont alors les êtres en dehors desquels il existe ?

Ensuite, les principes soit formels soit substantiels, sont-ils numériquement distincts ou réductibles à des genres[1] ? Les principes des êtres périssables et ceux des êtres impérissables sont-ils les mêmes ou différents ; sont-ils tous impérissables, ou bien les principes des êtres périssables sont-ils périssables ? De plus, et c’est là la difficulté la plus grande, la plus embarrassante, l’unité et l’être constituent-ils ou non la substance des êtres, comme le prétendaient les Pythagoriciens et Platon ; ou bien y a-t-il quelque chose qui leur serve de sujet, de substance, comme l’Amitié d’Empédocle, le feu, l’eau, l’air de tel ou tel autre philosophe ? Les principes sont-ils relatifs au général, ou bien aux choses particulières ? Sont-ils en puissance ou en acte ? Sont-ils en mouvement ou autrement[2] ? Ce sont là de graves difficultés.

  1. C’est-à-dire : Y a-t-il pour chaque être une matière, une forme particulière ; chaque individu a-t-il ses principes particuliers ; ou bien le principes des individus ne peuvent-ils pas plutôt se ramener à un certain nombre de principes, genres de tous les autres ? Voyez plus bas, ch. 4, le développement de cette difficulté.
  2. Cette difficulté est omise aussi dans le développement qui va suivre, et par la même raison selon Syrianus qui a déterminé tout à l’heure Aristote. Elle n’est que le corollaire d’autres problèmes. Où se trouve donc la solution ? Syrianus assigne deux endroits de la Métaphysique, M. Michelet en assigne deux autres. Mais cette solution est partout, dans la réfutation, ou plutôt les réfutations de la théorie des idées, dans tout le douzième livre : en un mot elle ressort de tout ce que dit Aristote sur la nature des principes.