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III.

Les auditeurs sont soumis à l’influence de l’habitude. Nous aimons qu’on se serve d’un langage conforme à celui qui nous est familier. Sans cela, les choses ne paraissent plus ce qu’elles nous paraissaient ; il nous semble, par ce qu’elles ont d’inaccoutumé, que nous les connaissons moins, et qu’elles nous sont plus étrangères. Ce qui nous est habituel nous est en effet mieux connu. Une chose qui montre bien quelle est la force de l’habitude, ce sont les lois, où des fables et des puérilités ont plus de puissance, par l’effet de l’habitude, que n’en aurait la vérité même[1].

Il est des hommes qui n’admettent d’autres démonstrations que celles des mathématiques ; d’autres ne veulent que des exemples[2] ; d’autres ne trouvent pas mauvais qu’on invoque le témoignage d’un poète. Il en est enfin qui demandent que tout soit rigoureusement démontré ; tandis que d’autres trouvent cette rigueur insupportable, ou bien parce qu’ils ne peuvent suivre la chaîne des démonstrations, ou bien parce qu’ils


  1. « Les législateurs inventent souvent des fables pour donner de l’autorité à leurs lois. Il y a eu, disent-ils, des hommes autochtones, là, produits par la terre elle-même, ici, par les dents semées du serpent ; aussi faut-il combattre pour la terre, mère du genre humain. » Alex., Schol., p. 601 ; Sepulv., p. 53. Voyez encore Schol. p. 602, Cod. reg.
  2. Allusion à la manière de Platon, suivant Asclépius.