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de Phrynis[1], il n’eût point existé de Timothée. Il en est de même de ceux qui ont exposé leurs idées sur la vérité. Nous avons adopté quelques-unes des opinions de plusieurs philosophes ; les autres philosophes ont été causes de l’existence de ceux-là.

Enfin c’est à juste titre qu’on nomme la philosophie, la science théorétique de la vérité. En effet, la fin de la spéculation, c’est la vérité ; celle de la pratique, c’est l’œuvre ; et les praticiens, quand ils considèrent le comment des choses[2], n’examinent pas la cause pour elle-même, mais en vue d’un but particulier, d’un intérêt présent. Or, nous ne savons pas le vrai si nous ne savons la cause[3]. De plus, une chose est vraie par excellence, quand c’est à elle que les autres choses empruntent ce qu’elles ont en elles de vérité ; et, de même que le feu est le chaud par excellence, parce qu’il est la cause de la chaleur des autres êtres ; de même la chose qui est la cause de la vérité dans les êtres qui dérivent de cette chose est aussi la vérité par excellence. C’est pourquoi les principes des êtres éternels sont nécessairement l’éternelle vérité. Car, ce n’est pas dans telle circonstance seulement qu’ils sont vrais ; et il n’y a rien qui soit la cause de leur vérité ; ce sont


  1. Né vers 480, à Mitylène : il fut vaincu par Timothée, dans les jeux publics où il avait toujours remporté le prix du chant.
  2. Τὸ πῶς ἔχει.
  3. « Nous pensons savoir (j’entends savoir absolument, et non pas à la manière des sophistes, c’est-à-dire accidentellement), quand nous pensons savoir que la cause qui fait qu’une chose est, est réellement la cause de cette chose, et que cette chose ne peut pas être autrement qu’elle n’est. » Arist. Analyt. post., II, 2. Bekk., p. 71.