qu’il en est ici, ce nous semble, comme de ce que nous disons dans le proverbe : Qui ne mettrait pas la flèche dans une porte[1] ? Considérée ainsi, cette science est chose facile. Mais l’impossibilité d’une possession complète de la vérité dans son ensemble et dans ses parties, montre tout ce qu’il y a de difficile dans la recherche dont il s’agit. Cette difficulté est double. Toutefois, elle a peut-être sa cause non pas dans les choses, mais dans nous-mêmes. En effet, de même que les yeux des chauves-souris sont offusqués par la lumière du jour, de même l’intelligence de notre âme est offusquée par les choses qui portent en elles la plus éclatante évidence.
Il est donc juste d’avoir de la reconnaissance non-seulement pour ceux dont on partage les opinions, mais pour ceux-là même qui ont traité les questions d’une manière un peu superficielle ; car eux aussi ont contribué pour leur part. Ce sont eux qui ont préparé par leurs travaux l’état actuel de la science. Si Timothée[2] n’avait point existé, nous n’aurions pas toutes ces belles mélodies ; mais s’il n’y avait point eu
- ↑ Τίς ἂν θύρας ἄμαρτοι ; « Façon de parler usitée quand il est question de choses aisées et dont la recherche n’offre ni embarras, ni difficultés. C’est une allusion au tir de l’arc. Si le but que visent les archers ne présente qu’une surface étroite, ce n’est pas sans peine qu’ils peuvent l’atteindre ; si au contraire il présente une large surface, il est aisé de le faire, et tout le monde en vient à bout : or, ce qui n’est au-dessus de la portée de personne est chose sans difficulté. » Alex. d’Aphrod., Schol., p. 590 ; Sepulv., p. 44.
- ↑ De Milet, né vers 446 avant J.-C. Les Spartiates portèrent un décret contre lui parce qu’il avait changé le caractères de l’ancienne musique, et ajouté plusieurs cordes à la lyre. [[Auteur:Boèce|]], De Musica, I. I, c. 1.