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prétendent qu’il y entre un autre son, distinct de tous ceux qu’on reconnaît comme éléments[1]. Enfin, les choses qui sont perçues par les sens, comment celui qui est dépourvu de la faculté de sentir pourra-t-il les percevoir ? Il le devrait cependant, si les idées sont les éléments constitutifs de toutes choses, de la même manière que les sons simples sont les éléments des sons composés.

Il résulte évidemment de ce qui précède que les recherches de tous les philosophes portent sur les principes que nous avons énumérés dans la Physique, et qu’il n’y a pas d’autres principes en dehors de ceux-là. Mais ces principes ont été indiqués d’une manière obscure, et nous pouvons dire, dans un sens, qu’on a parlé avant nous de tous ces principes, et dans un autre sens, qu’on n’a parlé d’aucun. Car, la philosophie des premiers temps, jeune encore, et à son début, semble bégayer sur toutes choses. Empédocle, par exemple, dit que ce qui constitue l’os, c’est la proportion[2]. Or, c’est là un de nos principes, la forme

  1. C’est-à-dire que la lettre double est, suivant les uns, une simple abréviation, et qu’elle a, suivant d’autres, un son particulier.
  2. Arist. De anima, I, 5. Bekk., p. 409-410 : « Comment l’âme connaîtra-t-elle, comment percevra-t-elle par les sens, l’ensemble qui résulte d’une réunion d’éléments ? Comment saura-t-elle ce que c’est qu’un dieu, un homme, de la chair, un os, ou tout autre composé ? Un composé n’est pas une réunion telle quelle d’éléments : il faut une proportion, une disposition particulière. C’est ainsi qu’Empédocle explique la formation de l’os. » Suivent trois vers d’Empédocle dont le sens général est facile à saisir, mais dont toute la sagacité des commentateurs n’a pas éclairci les détails. Voyez les versions si différentes de Bagolini, Syrian. ad Metaph. XIII, fol., 118 ; Patrizzi, Philop. ad. I. XIV, f. 66 Argyropule, de Anima, 1,5 ; Brucker, Ad Scipionem Aquilianum, p. 169, etc. Sepulveda a omis les vers d’Empédocle, cités pourtant par Alexandre, ap. Brand. p. 587. Voyez aussi Sturtz, Empedoclis carmina, p. 409, 522, 599-600.