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d’apprendre. Les autres sciences sont dans le même cas. Si donc il y a, comme on le prétend, une science de toutes choses, on abordera cette science sans posséder aucune connaissance préalable. Or, toute science s’acquiert à l’aide de connaissances préalables[1], ou totales, ou partielles, soit qu’elle procède par voie de démonstration[2] ou par des définitions[3] ; car il faut connaître par avance et bien connaître les éléments de la définition. De même pour la science inductive[4]. Si, d’un autre côté, la science dont nous parlons était innée en nous, il serait étonnant que l’homme, à son insu, possédât la plus excellente des sciences.

Ensuite, comment connaître quels sont les éléments de toutes les choses, et arriver sur ce point à la certitude ? car c’est là encore une difficulté. On discutera sur les véritables éléments, comme on discute au sujet de certaines syllabes. Ainsi, les uns disent que la syllabe xa est composée de c, de s et de a ; les autres

  1. « Toute science, toute connaissance intelligible provient d’une connaissance antérieure. » Cette proposition fondamentale est la première phrase des Deuxièmes analytiques, Bekk., p. 71.
  2. Δι’ ἀποδείξεως.
  3. Δι’ ὁρισμῶν.
  4. Δι’ ἐπαγωγῆς. Apporter, amener, pour faire admettre une proposition contestée, d’autres propositions qui sont admises sans difficulté, et dont on fait voir ensuite l’intime connexion avec la première, c’est ce que les anciens ont appelé ἐπαγωγή, c’est l’induction socratique. Voyez les dialogues de Platon et les Mémorables de Xénophon. Cette induction n’a de commun que le nom avec l’induction baconnienne. Elles aboutissent bien l’une et l’autre à une généralisation ; mais le terme de l’induction socratique est comme marqué d’avance, pour celui qui emploie l’induction, tandis que la méthode de Bacon est une méthode de découvertes, et qui nous mène du connu à l’inconnu.