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s’il faut admettre une, ou deux causes du mouvement[1] ; et notre avis est que l’opinion d’Empédocle n’est ni tout à fait juste, ni tout à fait déraisonnable. Toutefois, ceux qui adoptent ses doctrines, doivent nécessairement rejeter tout passage d’un état à un autre ; car l’humide ne viendrait pas du chaud, ni le chaud de l’humide : quel serait en effet le sujet qui subirait ces modifications contraires ; quelle serait la nature unique qui deviendrait eau et feu ? c’est ce qu’Empédocle ne dit pas.

On peut penser qu’Anaxagore admet deux éléments ; et cela, d’après des raisons qu’il n’a pas lui-même articulées, il est vrai, mais auxquelles il se fût rendu si on les lui eût présentées. Car, bien qu’en somme il soit absurde de dire qu’au commencement tout était mêlé, parce qu’il faut qu’avant le mélange il y ait eu d’abord séparation ; parce qu’il n’est point naturel qu’un élément quelconque se mêle à un élément quelconque ; enfin parce que, dans la supposition même du mélange primitif, les modifications, les accidents se sépareraient des substances, les mêmes choses étant également sujettes et à mélange et à séparation ; cependant, si l’on va aux conséquences, si l’on articule ce qu’il veut dire, on trouvera, je n’en doute pas, que sa pensée ne manque ni de sens, ni d’originalité. En effet, lorsque rien n’était séparé, il est évident qu’on ne pouvait rien affirmer de vrai de la substance primitive. J’entends par là qu’elle n’était ni blanche, ni noire, ni grise, ni d’aucune autre cou

  1. Voyez Phys. auscult., 1. VIII, et, dans la Métaphysique, la plus grande partie du liv. XII.