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donnent que les éléments des corps, non ceux des êtres incorporels ; et cependant il y a des êtres incorporels. Et puis, quoiqu’ils veuillent expliquer les causes de la production et de la destruction, et construire un système embrassant toute la nature, ils suppriment la cause du mouvement. Une autre faute, c’est de ne donner pour cause dans aucun cas, ni l’essence, ni la forme ; c’est encore d’accepter, sans examen suffisant, comme principe des êtres, un corps simple quelconque, la terre exceptée toutefois ; c’est de ne point réfléchir sur cette production ou ce changement dont les éléments sont les causes ; c’est de ne point déterminer comment s’opère la production mutuelle des éléments. Je prends pour exemple le feu, l’eau, la terre, l’air. Ces éléments proviennent les uns des autres, ceux-là par voie de réunion, ceux-ci par voie de séparation[1]. Cette distinction importe beaucoup pour la question de l’antériorité et de la postériorité des éléments. Sous le point de vue de la réunion, l’élément fondamental de toutes choses paraît être celui duquel, considéré comme principe, la terre se forme par voie d’agrégation ; et cet élément devra être le plus ténu, le plus subtil des corps. Ceux qui admettent le feu comme principe, se conforment, eux surtout, à cette pensée. Tous les autres philosophes reconnaissent de même que tel doit être l’élément des corps : aussi, aucun des philosophes postérieurs qui admirent un élément unique, ne regarda la terre comme principe, évidemment à cause de la grandeur de ses parties ;

  1. Τὰ μὲν συγκρίσει, τὰ δὲ διακρίσει.