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traits : autant vaudrait renvoyer à la traduction ou à nos sommaires. Il n’en est pas de la Métaphysique comme des traités modernes, où nous sommes toujours de plain-pied, pour ainsi dire ; où nous voyons toujours et partout d’où vient l’auteur et ce qu’il fait, où il se dirige et quel chemin il doit prendre. Aristote sait parfaitement où il est et ce qu’il veut, mais souvent il ne juge pas à propos de nous le dire ; c’est-là son secret, et ce secret, il faut sans cesse le lui arracher. Pour lire avec fruit la Métaphysique, il faut avoir lu la Métaphysique ; c’est cette première et fatigante épellation que nous voudrions d’abord épargner au lecteur.

En dehors et au-dessus des données des sens et de la conscience, il y a tout un monde, que l’homme ne connaîtra jamais parfaitement sans doute, mais au sein duquel il lui est cependant donné de pénétrer. L’expérience nous fait connaître des qualités, des phénomènes, des changements de tout genre ; mais tout cela est contingent, variable, accidentel ; de pareilles connaissances ne peuvent constituer une science véritable : n’y a-t-il donc dans la nature que des qualités, des mouvements, sans soutien, sans principe ? La raison ne saurait l’admettre : elle nous conduit nécessairement à rattacher ces qualités à un être, à une substance, comme on l’appelle. Elle rapporte le mouvement à une cause, et, à travers tous les changements, à travers le flux perpétuel de la nature, elle découvre des principes immuables, nécessaires.

Mais quelle est cette substance conçue par la raison ? Est-elle spirituelle ou matérielle ? Quels sont