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téres distinctifs des êtres : ses prédécesseurs ne connaissaient point la Dialectique. Quant à cette opinion que l’autre principe des choses, c’est une dyade, elle vient de ce que tous les nombres, à l’exception des nombres impairs, sortent facilement de la dyade comme d’une matière commune. Toutefois, il en est autrement que ne dit Platon ; cette opinion n’est pas raisonnable. Car, voici qu’on fait une multitude de choses avec cette dyade considérée comme matière, tandis qu’une seule production est due à l’idée. Mais en réalité on ne tire qu’une seule table d’une matière unique tandis que celui qui apporte l’idée, l’idée unique, produit plusieurs tables. Il en est de même du mâle par rapport à la femelle : celle-ci est fécondée par un seul accouplement ; le mâle au contraire féconde plusieurs femelles. Or, c’est là une image du rôle que jouent les principes dont il s’agit.

Telle est la solution donnée par Platon à la question qui nous occupe ; et il résulte évidemment de ce qui précède, qu’il ne s’est servi que de deux causes, l’essence et la matière. En effet, il admet d’un côté les idées causes de l’essence des autres objets, et l’unité cause des idées ; de l’autre, une matière, une substance, à laquelle s’appliquent les idées, pour constituer les êtres sensibles, l’unité, pour constituer les idées. Cette substance, quelle est-elle ? C’est la dyade, le grand et le petit. Il plaça encore dans l’un de ces deux éléments la cause du bien, dans l’autre celle du mal : point de vue qui a été plus particulièrement l’objet des recherches de quelques philosophes antérieurs, tels qu’Empédocle et Anaxagore.