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La doctrine d’Alcméon de Crotone[1] paraît se rapprocher beaucoup de ces idées, soit qu’il les ait empruntées aux Pythagoriciens, soit que ceux-ci les aient reçues d’Alcméon ; car il florissait dans le temps de la vieillesse de Pythagore, et sa doctrine ressemble à celle dont nous venons de parler. Il dit en effet que la plupart des choses de ce monde sont doubles, désignant par là les oppositions des choses. Mais il ne détermine pas, comme les Pythagoriciens, ces diverses oppositions ; il prend les premières qui se présentent, par exemple, le blanc et le noir, le doux et l’amer, le bien et le mal, le grand et le petit ; et sur le reste il s’est exprimé d’une manière tout aussi indéterminée, tandis que les Pythagoriciens ont défini le nombre et la nature des oppositions.

On peut donc tirer de ces deux systèmes que les contraires sont les principes des choses ; et l’un d’eux nous apprend de plus le nombre de ces principes et leur nature. Mais comment ces principes se peuvent ramener aux causes premières, c’est ce que n’ont pas clairement articulé ces philosophes. Ils semblent, toutefois, considérer les éléments sous le point de vue de la matière ; car ces éléments, suivant eux, se trouvent dans toutes choses, constituent et composent tout l’univers.

Ce qui précède suffit pour donner une idée des opinions de ceux d’entre les anciens qui ont admis la pluralité dans les éléments de la nature. Il en est d’autres qui ont considéré le tout comme un être unique ; mais ils diffèrent entre eux et par le mérite de l’expo

  1. Alcméon est célèbre surtout comme naturaliste et comme médecin.