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se former à la lecture de son poème[1]. Tels sont les caractères, selon nous, tel est le nombre des principes dont Empédocle a parlé.

Leucippe[2], et son ami Démocrite[3] admettent pour éléments le plein et le vide, ou, pour parler comme eux, l’être et le non-être. Le plein, le solide, c’est l’être ; le vide, le rare, c’est le non-être. C’est pourquoi le non-être, suivant eux, existe tout aussi bien que l’être. En effet, le vide existe autant que le corps ; or, ce sont là, sous le point de vue de la matière, les causes des êtres. Et, de même que ceux qui admettent l’unité de la substance produisent tout le reste par les modifications de cette substance en donnant le rare et le dense pour principes à ces modifications, de même aussi ces deux philosophes prétendent que les différences sont les causes de toutes choses. Ces différences sont au nombre de trois, dans leur système, la forme, l’ordre, la position. Les différences de l’être ne viennent, c’est leur langage, que de la configuration[4], de l’arrangement[5] et de la tournure[6]. Or, la configuration c’est la forme ; l’arrangement, c’est l’ordre ; la tournure, c’est

  1. Ce poème était intitulé Περὶ φύσεως. Il en reste un assez grand nombre de fragments.
  2. Vers 500. Sa patrie est inconnue. On croit qu’il fut disciple de Parménide.
  3. D’Abdère. Né vers 494 ou 490 ; selon d’autres, 470 ou 460. Il adopta et développa le système de son maître Leucippe. Il écrivit en vers comme Empédocle, comme Parménide, comme presque tous les anciens philosophes.
  4. Ῥυσμός.
  5. Διαθιγή.
  6. Τροπή.