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le bois qui fait le lit, ni l’airain la statue. Il y a quelque autre chose qui est cause du changement. Or, chercher ce quelque chose, c’est chercher un autre principe, le principe du mouvement, comme nous l’appelons.

Dans l’origine, les philosophes partisans de l’unité de la substance[1], qui touchèrent à cette question, se mirent peu en peine de la résoudre. Pourtant, quelques-uns de ceux qui admettaient l’unité, le tentèrent ; mais ils succombèrent, pour ainsi dire, sous le poids de cette recherche. Ils prétendent que l’unité est immobile, et que non seulement rien ne naît ni ne périt dans toute la nature, (opinion antique, et à laquelle tous se sont rangés) mais même que dans la nature tout autre changement quelconque est impossible. Et ce dernier point est particulier à ces philosophes. Nul de ceux qui admettent l’unité du tout n’est donc arrivé à la conception de la cause dont nous parlons, excepté peut-être Parménide[2], en tant qu’il ne se contente pas de l’unité, mais qu’en dehors d’elle il place en quelque sorte deux causes.

Quant à ceux qui admettent plusieurs éléments, comme le chaud et le froid ou le feu et la terre, ils sont plus à même d’atteindre la cause en question. Car ils attribuent au feu la puissance motrice, et à l’eau, à la terre et aux autres éléments la propriété contraire. Ces principes ne suffisant pas pour produire l’Univers, les


  1. Les Éléates.
  2. D’Élée ; vers 460, il fit un voyage à Athènes ; il avait alors un peu plus de 60 ans. Voyez le Parménide de Platon, sub init. p. 127.