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naît quatre éléments, ayant ajouté la terre aux trois que nous avons nommés. Ces éléments subsistent toujours et ne deviennent pas : seulement, tantôt plus, tantôt moins nombreux, ils se mêlent et se démêlent, s’agrègent et se séparent.

Anaxagore de Clazoméne[1], l’aîné d’Empédocle, n’était pas arrivé à un système aussi plausible. Il prétend que le nombre des principes est infini. Presque toutes les choses formées de parties semblables, ne sont sujettes, ainsi l’eau, le feu, à d’autre production, à d’autre destruction que l’agrégation ou la séparation : en d’autres termes, elles ne naissent ni ne périssent, elles subsistent éternellement[2].

On voit par ce qui précède, que tous ces philosophes se sont attachés au point de vue de la matière, qu’ils l’ont considérée comme la cause unique.

Arrivés à ce point, la chose elle-même les conduisit plus avant, et les obligea à de nouvelles recherches. Il est hors de doute que toute destruction, que toute production procède de quelque principe, soit unique, soit multiple. Mais d’où viennent ces effets, et quelle est la cause ? Car ce n’est certainement pas le sujet qui est lui-même l’auteur de ses propres changements. Ni le bois, ni l’airain, par exemple, ne sont la cause qui les fait changer d’état l’un et l’autre : ce n’est pas

  1. Né vers 500 ; ami et, selon quelques-uns, maître de Périclès. Aristote cite souvent la proposition fameuse, début du livre d’Anaxagore : ὁμοῦ ἦν πάντα.
  2. Ὁμοιομερῆ, ὁμοιομερῆ στοιχεῖα, ὁμοιομερεῖαι, telles sont les dénominations sous lesquelles les anciens ont désigné ce principe d’Anaxagore. Ici, Aristote donne ὁμοιομερῆ.