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où aboutit toute destruction, la substance persistant la même sous ses diverses modifications, voilà, selon eux, l’élément, voilà le principe des êtres. Aussi pensent-ils que rien ne naît ni ne périt véritablement, parce que cette nature première subsiste toujours. De même que nous ne disons pas que Socrate naît réellement lorsqu’il devient beau ou musicien, ni qu’il périt quand il perd ces manières d’être, parce que le sujet des modifications, parce que Socrate lui-même persiste dans son existence ; de même on ne peut se servir de ces expressions pour aucun des autres êtres. Car il faut qu’il y ait une nature première, soit unique, soit multiple, qui, subsistant toujours, produit toutes les autres choses. Quant au nombre et au caractère propre des éléments, ces philosophes ne sont point d’accord.

Thalès,[1] fondateur de cette philosophie, regarde l’eau comme premier principe. C’est pourquoi il va jusqu’à prétendre que la terre repose sur l’eau ; amené probablement à cette idée, parce qu’il voyait que c’est l’humidité qui nourrit toutes choses, que le chaud lui-même en vient, et que tout animal vit de l’humidité. Or, ce dont viennent les choses, est le principe de toutes choses. Une autre observation encore l’amena à cette opinion. Les semences de toutes choses sont humides de leur nature. Or l’eau est le principe de l’humidité des choses humides.

Quelques-uns pensent que les hommes des plus anciens temps, et, avec eux, les premiers Théologiens,[2]

  1. De Milet, 600 ans avant J.-C.
  2. Orphée, Musée, Eumolpe et les anciens poëtes.