Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tité ne puisse être mesurée, même par une mesure très petite. Or, ce qu’il nous faut, c’est l’étonnement contraire : Le mieux est à la fin, comme dit le proverbe. Ce mieux, dans les objets dont il s’agit, on y arrive par la connaissance ; car rien ne causerait plus d’étonnement à un géomètre, que si le rapport de la diagonale au côté du carré devenait commensurable.

Nous avons dit quelle est la nature de la science que nous cherchons, et le but de notre étude et de tout ce traité.

III.

Il est évident qu’il faut acquérir la science des causes premières, puisque nous disons qu’on sait, quand nous pensons qu’on connaît la première cause. Or, on distingue quatre causes. La première est l’essence, la forme propre de chaque chose[1] ; car ce qui fait qu’une chose est, est tout entier dans la notion de

  1. Ἡ οὐσία καὶ τὸ τί ἦν εἶναι. Cette dernière expression, grammaticalement inexplicable, est de l’invention d’Aristote. On la trouve assez fréquemment employée dans la Métaphysique. Elle désigne le caractère distinctif de l’être, ce qui entre dans la définition, la forme sous laquelle on conçoit nécessairement chaque objet. Aristote, outre le mot ουσία substitue sans cesse à cette formule les mots : τὸ τί ἐστι, τὸ τί, τὸ τόδε τι, τὸ τόδε, λόγος, ὅρος, ὁρισμός, εἶδος, μορφή. C’est ce que les scolastiques appelaient quidditas, causa formalis, forma substantialis.