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devraient être malheureux. Mais il n’est pas possible que la divinité soit jalouse, et les poètes, comme dit le proverbe, sont souvent menteurs.

Enfin, il n’y a pas de science qu’on doive estimer plus qu’une telle science. Car la plus divine est celle qu’on doit priser le plus. Or, celle-ci est seule divine à un double titre. En effet, la science qui est surtout le partage de Dieu, et qui traite des choses divines, est divine entre toutes les sciences. Or, la philosophie seule porte ce double caractère. Dieu passe pour la cause et le principe de toutes choses ; et Dieu seul, Dieu surtout du moins, peut posséder une telle science. Toutes les autres sciences ont, il est vrai, plus de rapport à nos besoins que la philosophie, mais aucune ne l’emporte sur elle.

Le but proposé à notre entreprise, ce doit être un étonnement contraire, si je puis dire, à celui qui provoque les premières recherches de toute science. Toujours en effet les sciences ont, comme nous l’avons remarqué, leur source dans l’étonnement qu’inspire l’état des choses : ainsi, pour parler des merveilles qui s’offrent à nous d’elles-mêmes, l’étonnement qu’inspirent, ou les révolutions du soleil, ou l’incommensurabilité du rapport de la diagonale au côté du carré[1], à ceux qui n’ont point encore examiné la cause. Il parait étonnant à tout le monde qu’une quan

  1. Διαμέτρου ἀσυμμετρίαν. Il nous a été impossible de ne pas paraphraser cette formule mathématique, ainsi que celle qui vient plus loin : διάμετρος μετρητή. En général, la langue géométrique des Grecs est peu explicite ; il n’en est pas de même chez nous : nos formules sont des propositions complètes.