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II.

Or, puisque cette science est l’objet de nos recherches, nous allons avoir à examiner de quelles causes et de quels principes la philosophie est la science ; question qui s’éclaircira bien mieux si l’on examine les diverses idées que nous nous formons du philosophe. Et d’abord nous concevons le philosophe, surtout comme connaissant l’ensemble des choses, autant que cela est possible, mais sans avoir la science de chaque chose en particulier. Ensuite, celui qui peut arriver à la connaissance de choses ardues, et que l’homme ne connaît qu’avec de grandes difficultés, ne le nommons-nous pas philosophe ? En effet, connaître par les sens est une faculté commune à tous ; cette connaissance, acquise sans effort, n’a donc rien de philosophique. Enfin, celui qui a les notions les plus rigoureuses des causes, et qui enseigne le mieux ces notions, celui-là est plus philosophe que tous les autres sur toute science. Et, parmi les sciences, celle à laquelle on s’applique pour elle-même, et dans le seul but de savoir, est plus philosophie que celle qu’on étudie à cause de ses résultats ; et celle qui domine les autres est plus philosophie que celle qui est subordonnée à quelque autre. Il ne faut pas que le philosophe reçoive des lois, mais qu’il donne des lois ; il ne faut pas qu’il obéisse à un autre, c’est à celui qui est moins philosophe à lui obéir.

Telles sont en somme nos diverses manières de concevoir la philosophie et les philosophes : or, le philosophe qui possède parfaitement la science du général