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surtout celles de la vue. En effet, non-seulement lorsque nous sommes dans l’intention d’agir, mais alors même que nous ne nous proposons aucun but pratique, nous préférons, pour ainsi dire, la connaissance visible à toutes les connaissances que nous donnent les autres sens. C’est qu’elle nous fait, mieux que toutes les autres, connaître les objets, et nous découvre un grand nombre de différences[1].

Les animaux reçoivent de la nature la faculté de connaître par les sens. Mais cette connaissance, chez les uns, ne produit pas la mémoire ; elle la produit chez les autres. Aussi, les premiers sont-ils simplement intelligents : quant aux autres, ils sont plus capables d’apprendre que ceux qui n’ont pas la faculté de se souvenir. L’intelligence sans la capacité d’apprendre, est le partage de ceux qui n’ont pas la faculté d’entendre les sons, par exemple l’abeille[2], et les autres espèces d’animaux qui peuvent être dans le même cas. La capacité d’apprendre se trouve dans tous ceux qui réunissent à la mémoire le sens de l’ouïe[3]. Tandis que les autres animaux vivent ainsi réduits ou aux impressions sensibles[4], ou aux souvenirs, et ne

  1. « La vue nous révèle un grand nombre de différences de toute espèce, parce que tous les corps ont une couleur. » Aristote, De sensu et sensili, cap. 1, édit. de Bekker, p. 437.
  2. « On ignore si les abeilles ont ou non le sens de l’ouïe. » Aristote, Histor. anim. l. IX, 40, Bekk., p. 627.
  3. « Le chien, le perroquet, le cheval, l’âne, etc. » Asclépius ap. Brandis, Scholia in Aristot., p. 552.
  4. « Il y a des animaux qui vivent réduits aux seules impressions des sens. » Arist., De anima, l. II, 3, Bekk., p. 414.