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tique qui n’a rien de résolument systématique ? La traducteurs se vantent habituellement, de nos jours, d’une rigoureuse fidélité à l’original ; et ce qu’on recommande sans cesse aux traducteurs, c’est la fidélité rigoureuse à l’original. Si par là, on entend la reproduction exacte du sens, dans toute son étendue et dans ses plus minutieux détails, rien de mieux ; et il ne faut épargner ni temps, ni efforts, ni recherches, pour rester le moins possible en arrière d’un tel but. Mais la fidélité dont il s’agit, n’est trop souvent, nous le craignons, qu’une fidélité purement matérielle, une assimilation de coupes de phrases, une équivalence de mots et de syllabes, car on compte les syllabes, et même les lettres : comme si c’était là le style, comme si l’habit c’était l’homme, comme si la langue française n’avait pas aussi son génie propre. Chose excellente, si l’on s’arrête à certaines limites, cette fidélité devient, par l’excès, une vraie trahison ! un crime de lèse-original. Il y a tel grand écrivain qui serait fort embarrassé peut-être pour se reconnaître lui-même sous le grotesque accoutrement dont on l’a affublé dans notre siècle, sous prétexte d’exactitude et de fidélité.

Un homme dont l’opinion peut faire loi en pareille matière, M. Cousin, s’exprime ainsi à propos d’une analyse arbitraire de la Métaphysique, présentée à l’Académie des Sciences morales avec le titre de traduction : « Traduire, c’est reproduire un auteur, non pas tel que nous aurions voulu qu’il fût, soit pour notre goût particulier, soit pour celui de notre siècle, mais rigoureusement tel qu’il a été dans son pays et