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émules dans cette noble contrée où rien de ce qui regarde l’antiquité n’excite un médiocre intérêt : des travaux précieux attestent la fécondité d’un mouvement qui dure toujours et qui grandit encore.

La réhabilitation d’Aristote ne date, en France, que de quelques années. C’est à M. Cousin qu’appartient l’honneur d’avoir appelé enfin sur Aristote, sinon une faveur passionnée, au moins l’universelle bienveillance. On sait le but que se proposa de tout temps ce philosophe illustre. Il tenta de retrouver, au travers de tous les systèmes, les éléments épars, et latents, pour ainsi dire, de la vérité philosophique. Entreprise gigantesque poursuivie pendant vingt ans avec une infatigable persévérance, et qui eut bientôt remué dans tous les sens le champ mal cultivé de l’histoire des idées !

Platon, le premier, reconquit parmi nous cette estime si injustement déniée au passé. La beauté des sentiments, la grandeur des conceptions, cette imagination si audacieuse et si bien réglée, les merveilles de ce style qui est la perfection même, en un mot Platon tout entier reproduit pour tous dans une fidèle et vivante image, et aussi la grande renommée du traducteur, tout conspirait à réconcilier dès l’abord avec ces nobles doctrines, même les esprits les plus hostiles. Le jour d’Aristote vint plus tard ; mais il vint, et l’on s’enquit de ce que c’était en réalité que cette Métaphysique d’Aristote, qui était depuis deux siècles comme une sorte d’épouvantail philosophique avec lequel on faisait peur de l’abstraction, et dont le nom