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tous platoniciens purs, contre la doctrine péripatéticienne. On peut lire dans l’ouvrage de Jean de Launoy (De varia Aristotelis fortuna in Academia parisiensi) combien la réprobation était unanime. Launoy a réuni dans son deuxième chapitre vingt-neuf condamnations portées contre Aristote dans l’espace de quelques siècles, et signées des plus grands noms de l’Église, depuis saint Justin jusqu’à saint Bernard ; car c’est du XIIe siècle seulement que date la grande fortune d’Aristote, au moyen âge. Il est certain qu’à une époque où les plus grandes lumières étaient dans l’Église, cette disposition des esprits était peu favorable à des entreprises du genre de celle dont Boèce donna l’exemple. C’est dans cette période qui sépare l’antiquité du moyen âge proprement dit, que se place le temps le plus florissant de l’empire des Arabes. Les Arabes connurent de bonne heure Aristote, et, les souverains eux-mêmes aidant, dès le siècle des premiers califes Abbassides, la philosophie péripatéticienne fut, chez eux, en possession d’une autorité absolue. Almanzor, le deuxième Abbasside, favorisa tant qu’il put ces grandes études, et lui-même, si l’on en croit un historien, fut un philosophe, et surtout un astronome distingué. Sous le règne d’Almamon, le Syrien Bochtiechva, ou, comme l’écrit Pococke, Bachiva, traduisait en arabe les principaux ouvrages de médecine et de philosophie de l’antiquité. Les fils de Bochtiechva continuèrent l’œuvre de leur père, d’autres se joignirent à eux, et les philosophes arabes dont le nom est resté, Avicenne, Alfarabi, Algazel, Averroès enfin, purent lire et commenter tous les livres d’A-