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de citer, que le XIIIe et le XIVe livre sont au nombre des plus riches, des plus achevés, des plus clairs de la Métaphysique.

Nous sommes donc bien loin de partager l’opinion aujourd’hui accréditée, et que quelques-uns regardent comme un résultat définitivement acquis à la science, de la nécessité d’un changement dans l’ordre des derniers livres de la Métaphysique. On a été jusqu’à écrire, de notre temps, qu’il fallait, pour en douter, ou n’avoir pas lu l’ouvrage avec l’attention qu’il mérite, ou supposer Aristote plus qu’absurde : nous sommes presque tentés de retourner la phrase en sens contraire. Du reste, l’anathème ne tombe pas sur nous seulement. Il faut croire qu’Alexandre d’Aphrodisée, Asclépius, Philopon, avaient lu attentivement la Métaphysique ; et pourtant ni Philopon, ni Asclépius, ni Alexandre, ni les autres commentateurs, ni personne dans l’antiquité, quoi qu’on en ait dit[1], ne s’est douté qu’il y eût dans la disposition des livres de la Métaphysique un désordre qu’il était urgent de ré-

  1. On cite une phrase d’Averroès d’après laquelle Nicolas de Damas se flattait d’avoir disposé la science dans un ordre meilleur que ne l’avait fait Aristote : Se exactius hanc tradidisse scientiam quam Aristoteles in quodam suo volumine prœsumpsit. Arist. et Averr. opera, t. VII. In Met., fol. 136, b. Il s’agit là, évidemment, d’un mode d’exposition plus rationnel de la doctrine, et non de l’arrangement des parties de l’ouvrage ; et ce n’est pas la même chose. Nous savons même par Averroès quelle était la manière de Nicolas. Il plaçait chaque question, chaque ἀπόρημα, en tête de chaque solution, et la définition des termes en tête de la question. Id. ibid., fol. 18, a, et 47, b. Nicolas prétendait faire mieux qu’Aristote : son but n’était pas de restituer l’œuvre d’Aristote dans sa forme primitive, mais de lui donner une autre forme.