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parler M. Ravaisson lui-même, l’un des partisans de l’intercalation : « Les XIIIe et XIVe livres sont d’une date postérieure au XIIe, et la tradition conservait en quelque sorte l’ordre chronologique aux dépens de l’ordre méthodique. Le motif principal qui nous paraît autoriser cette hypothèse, c’est que le XIIe livre ne présente aucune allusion véritable aux XIIIe et XIVe livres, où se trouvent cependant des déterminations de la plus haute importance pour la théorie qui se résume à la fois et s’achève dans le XIIe… C’est ce défaut de liaison du XIVe au XIIe qui aura porté les commentateurs anciens à considérer le XIIIe et le XIVe comme un appendice ajouté après coup : ils ont senti qu’un simple déplacement ne suffirait pas pour rétablir entre les trois derniers livres l’enchaînement et l’harmonie[1] ». Il serait inutile, après cet aveu du critique qui a le mieux expliqué pourquoi le XIIe livre était la fin de la Métaphysique, d’insister sur le point dont il s’agit. On peut bien, dans une exposition des doctrines d’Aristote, introduire çà et là et à sa place, ce qui se trouve de cette doctrine au fond de la vaste polémique contre la doctrine des nombres et des idées ; mais là se borne, à ce qu’il nous semble, la possibilité de l’intercalation. Les XIIIe et XIVe livres sont à la Métaphysique, ce que l’α ἐλαττον est au livre premier : seulement il y a, entre les parties de ce long appendice, une liaison parfaite, et une unité que commandait l’unité même du sujet ; ajoutons avec le critique que nous venons

  1. Essai, t. 1, p. 101, 102.