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d’employer une méthode de démonstration qui est propre à la science dont il traite, et il se justifie en entourant d’une vive lumière le grand principe qui domine toutes les recherches scientifiques : connaître avant tout quel mode de démonstration convient à chaque objet particulier. Or, c’est-là tout le deuxième livre de la Métaphysique. Que si, dans l’avant-dernière phrase du livre et dans la dernière, il est question de Physique, qui ne voit que c’est tout simplement un exemple particulier à l’appui de la théorie générale ? Aristote emploie le mot Physique, comme il eut pu, mutatis mutandis, employer le mot Médecine, ou tout autre : « On ne doit pas exiger en tout la rigueur mathématique, mais seulement quand il s’agit d’objets immatériels. Aussi la méthode mathématique n’est-elle pas celle des physiciens, etc. (Voyez p. 65). » On ne saurait nier qu’entre les parties de l’α ἔλαττον il n’y a pas une liaison très intime ; mais c’est-là une raison de plus pour le considérer, ainsi que nous faisons, comme un appendice.

Quant à l’argument tiré de ce que le deuxième livre interrompt le passage naturel du premier livre au troisième, il tombe de lui-même devant cette considération. On remarque, il est vrai, qu’Averroès place le IIe livre avant le Ier. C’est que dans les traductions arabes la Métaphysique n’avait pas de commencement : les traductions arabes-latines compulsées par le savant M. Jourdain[1] ne commencent qu’aux deux tiers du cinquième
  1. Recherches sur les anciennes traductions latines d’Aristote. p. 11. — M. Jourdain attribue ce défaut à un dessein prémédité : « Les Arabes pensaient que la première partie du livre premier de la Métaphysique était l’œuvre de Théophraste, et d’après cette idée ils ne l’ont pas traduits. Cette supposition est inadmissible ; c’eût été une véritable folie chez les traducteurs. Commençant à ces mots : « Voici le résultat de ce que nous avons dit, » le livre premier est un non-sens. Évidemment l’omission a été forcée. Voyez plus bas ce que c’était que les traductions arabes d’Aristote.