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-Grand, son contemporain, les a commentés ; et, à la même époque où Bessarion donne une traduction complète de la Métaphysique, Argyropule ne traduit que les douze premiers livres.

Mais si, dans la Métaphysique, il est impossible de retrouver la trace d’une autre main que celle d’Aristote, n’y a-t-il pas une autre sorte d’interpolation, l’introduction par exemple, dans la philosophie première, de morceaux appartenant à d’autres traités du philosophe ? Quelques critiques ont répondu affirmativement. M. Ravaisson donne, d’après un manuscrit de la Bibliothèque royale, un passage d’Asclépius qui semble autoriser cette conclusion[1], Aristote, suivant Asclépius, n’aurait pas achevé son ouvrage ; surpris par la mort, il l’aurait légué à Eudème, qui serait mort aussi sans l’achever ; et les héritiers d’Eudème auraient comblé les lacunes, en puisant dans d’autres ouvrages d’Aristote, et en raccordant le tout du mieux qu’ils pouvaient. Le commentaire d’Asclépias est aujourd’hui publié[2], du moins ce qu’il y a de plus important dans ce commentaire, et on peut voir ce qui a motivé cette opinion, apprécier la valeur des motifs. Le chapitre deuxième du livre cinquième de la Métaphysique est mot à mot la transcription du huitième du livre deuxième de la Physique. Au lieu de se demander si cela n’était pas parfaitement naturel, et si, donnant toutes les acceptions du mot cause, qu’il avait

  1. Essai, t. I, p. 34.
  2. Le passage cité par M. Ravaisson, et avant lui, mais avec des fautes graves, par Sainte-Croix (Magas. encycl., Ve année, p. 367), fait partie de l’introduction d’Asclépius. Schol. in Aristot., p. 519-520.