un chef-d’œuvre qui n’a rien d’analogue dans l’antiquité : là est Aristote tout entier avec toute sa force, tout son génie, ou il n’est nulle part. Ce serait une faiblesse que de chercher à donner d’autres preuves. Il n’y a pas d’écrits anonymes de cette taille-là dans le monde.
Jean Philopon rapporte à Pasiclès, qu’il appelle fils de Bonœus, le IIe livre, α ἔλαττον. Une note marginale de la plupart des manuscrits de Bekker[1] appuie cette opinion, mais rétablit le véritable nom du père de Pasiclès, Boëthus frère d’Eudème. Il est tout aussi impossible, quelque défaut d’agencement qu’on trouve dans le IIe livre, d’y méconnaître la main d’Aristote, que dans le livre premier. Le premier chapitre et le dernier sont d’une grande beauté de pensée et de forme, et le deuxième est d’une concision, d’une profondeur, et en même temps d’une élégance austère qui n’appartient qu’à l’auteur de la Métaphysique.
Il n’y a pas plus de raison pour enlever à Aristote le Ve livre, qui aurait été attaqué comme apocryphe, à ce que nous apprend Alexandre d’Aphrodisée.
Que les traductions arabes dont se servit Averroès n’aient contenu ni le XIe livre, ni le XIIIe, ni le XIVe, cela ne prouve rien contre l’authenticité de ces livres. Il n’y a rien d’étonnant à ce que les traducteurs arabes n’aient eu que des manuscrits incomplets[2]. Saint Thomas lui-même ne connaît pas les deux derniers livres de la Métaphysique, tandis qu’Albert-le-