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des répétitions, des dissonances, qu’on ne saurait s’empêcher de reconnaître dans la Métaphysique. La Métaphysique d’Aristote est un traité de doctrine intérieure ; c’est, par excellence, le livre ésotérique, comme on parlait dans l’école péripatéticienne, c’est-à-dire un de ces ouvrages qui supposaient dans le lecteur la connaissance de renseignement plus détaillé du maître. C’est un résumé de cours sur la philosophie première, il n’y a pas à en douter. Si la Métaphysique ne porte pas comme la Physique le titre d’ἀϰρόασις, ce n’est pas que ce titre ne lui convienne point. Dans le peu de mots qu’Aristote y consacre à la méthode, on trouve ces expressions caractéristiques : αἱ δ’ ἀϰροάσεις κατὰ τὰ ἔθη συμϐαίνουσι[1], et ailleurs : δεῖ γὰρ περὶ τούτων ἥϰειν προεπισταμένους, ἀλλὰ μὴ ἀϰούοντας ζητεῖν[2]. C’était donc à des auditeurs que s’adressait Aristote. Or, tout le monde sait comment et pourquoi le professeur, tout en restant fidèle à sa pensée première, est nécessairement entraîné à des digressions, à des répétitions, à des développements qui sont loin de nuire à la clarté de l’enseignement, comme ils nuiraient à la clarté d’un livre. Et si le livre qui sort de l’enseignement n’est qu’un résumé, quelque soin que l’auteur y mette, le livre se sentira toujours de son origine. On peut admettre du reste que d’un premier enseignement sur la philosophie première ne soit sortie d’abord qu’une ébauche de Métaphysique, le περὶ φιλοσοφίας, si l’on veut. Nouvel enseignement, nouveau livre : et ainsi de suite, nous y consentons, jusqu’aux quatre rédactions succes-

  1. Métaph., liv. II, 3. Brand., p. 39.
  2. Id., IV, 3, p. 66.