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ne partageons même pas l’opinion de Michelet sur la manière dont Aristote a composé la Métaphysique. Suivant cet habile critique, Aristote aurait publié d’abord séparément un certain nombre de traités relatifs à la philosophie première, puis il les aurait réunis, aurait rempli les intervalles, mis une introduction ; et ce corps grossissant peu à peu, après quatre publications ou rédactions augmentées, la Métaphysique aurait paru telle que nous la possédons aujourd’hui. La base de l’ouvrage aurait été le περὶ φιλοσοφίας[1]. Ce système, qui peut s’appliquer à l’Organon, est-il vrai relativement à la Métaphysique ? Il nous semble trop ingénieux pour rendre un compte exact de la nature. Surtout, il est difficile de comprendre que telle ait été la manière habituelle de composer d’Aristote ; et c’est ainsi, suivant M. Michelet, qu’il aurait écrit la Physique, la Morale à Nicomaque[2]. Ce n’est pas de cette façon que se passent les choses. La vie dans un livre vient d’une pensée primitive et d’ensemble : le tout est antérieur à la partie, disait Aristote ; cela est vrai particulièrement pour les ouvrages de l’esprit. Réunis par Aristote, ou réunis par Andronicus, les écrits métaphysiques non refaits, non refondus, n’eussent été toujours qu’une collection, un centon, un livre disparate, sans unité de forme ni même de pensée : où serait alors cette belle harmonie que M. Michelet a si bien mise en lumière ?

Il y a, ce semble, une explication plus vraisemblable, parce qu’elle est plus simple, des irrégularités,

  1. Examen, etc., p. 216 sqq.
  2. Page 205 sqq.