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L’antiquité, retirée de sa poussière, fournit les premiers instruments. On étudia avec une ardeur que la science n’a guère connue depuis, tous ces systèmes de philosophie, enfants sans joug de la pensée antique. La foi naissait de l’enthousiasme, le prosélytisme, de la foi ; dans cette fièvre de rénovation, les plus audacieuses hypothèses trouvèrent de dévoués partisans, des martyrs même. Toutes les doctrines et tous les noms se levèrent à la voix du siècle, et s’avancèrent, pour ainsi dire en armes, contre ce grand nom et cette grande doctrine depuis si longtemps en possession d’une absolument universelle autorité. La Scolastique succomba, mais après une lutte longue et acharnée; elle défendit pied à pied la victoire, elle employa tous les moyens pour prolonger son existence. Ses efforts furent inutiles. Censures théologiques, destruction des ouvrages ennemis par la main de l’autorité séculière, condamnations infamantes portées contre les partisans d’autres doctrines, enfin une loi de sang[1], tout ce que la Scolastique imagina pour se perpétuer dans l’empire, n’aboutit, comme c’est l’inévitable cours des choses, qu’à accélérer sa ruine. L’arrêt du Parlement, qui condamne les dissidents à mort, cet arrêt plus extravagant et plus ridicule encore qu’il n’est horrible, est le symp-

  1. Il est fait défense, par arrêt du Parlement de Paris du 4 septembre 1624, à peine de la vie, de tenir ni enseigner aucunes maximes contre les anciens auteurs et approuvés, ni faire aucunes disputes que celles qui seront approuvées par les docteurs de la Faculté de Théologie. Voyez Jean de Launoy, De varia Aristotelis fortuna in Academia parisiensi, 1653, in-8o, page 137.