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qui ne faisaient rien d’une bibliothèque précieuse, la cachent dans un souterrain, alors qu’ils pouvaient la vendre chèrement aux rois de Pergame, ou s’acquérir leur faveur par un présent qui ne leur eût rien coûté ! Il semble que les fils d’Attale étaient à même de se montrer aussi généreux que le bibliophile Apellicon.

3o Supposer que tout l’œuvre d’Aristote, ou presque tout, se trouvait uniquement dans la bibliothèque de Nélée, c’est-à-dire que rien n’en avait été publié, ni du vivant d’Aristote, ni par ses disciples immédiats, n’est-ce pas supposer une chose absurde en elle-même et contraire aux plus simples notions du bon sens ? Aristote a enseigné toute sa vie, et ses ouvrages sont la plupart des résumés de cours (ἀϰροάσεις), la Métaphysique elle-même ; c’est-à-dire des ouvrages destinés aux disciples ; c’est-à-dire des livres qui devaient paraître, dans ce public domestique au moins, à mesure qu’ils étaient composés, des livres que tous devaient avoir sans cesse sous les yeux.

4o La décadence de l’école d’Aristote après Théophraste s’explique suffisamment par le malheur des temps d’anarchie qui ont suivi la mort d’Alexandre, et par l’esprit de l’Alexandrie des Ptolémées, qui n’était point encore l’Alexandrie des premiers siècles chrétiens, et qui s’occupait beaucoup plus des poètes que de la philosophie ; sans qu’on ait besoin d’enterrer, pour ainsi dire, l’école péripatéticienne avec les livres du maître, dans le caveau de Scepsis.

5o Cette raison tout extérieure ne suffirait pas, même en supposant qu’Aristote et Théophraste n’eussent ja-