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Malgré le respect profond dont nous faisons profession pour l’antiquité, nous en sommes encore à comprendre comment ces trois récits ont toute l’importance qu’on leur attribue. Ils nous paraissent, dans quelques parties, d’une invraisemblance parfaite, et, disons le mot, d’une véritable puérilité. Pour qu’on ne nous accuse pas de fausser à dessein le sens des termes, nous emprunterons à la savante préface mise par M. Barthélemy Saint-Hilaire en tête de la Politique, la traduction des deux premiers passages, et celle du passage de Suidas au livre de M. Michelet de Berlin.

Strabon, liv. XIII, page 608 : « C’est encore de Scepsis qu’étaient les deux philosophes socratiques Éraste et Coriscus, et le fils de ce dernier, Nélée, qui fut à la fois disciple d’Aristote et de Théophraste. Nélée hérita de la bibliothèque de Théophraste, où se trouvait aussi celle d’Aristote. Aristote l’avait léguée à Théophraste, comme il lui confia la direction de son école ; Aristote, à notre connaissance, est le premier qui ait rassemblé des livres, et il apprit ainsi aux rois d’Égypte à se composer une bibliothèque. Théophraste transmit sa bibliothèque à Nélée, qui la fit porter à Scepsis et la laissa à ses successeurs, gens sans instruction, qui gardèrent les livres renfermés sous clef et n’y donnèrent aucun soin. Plus tard, quand on apprit avec quel empressement les rois « descendants d’Attale et maîtres de Scepsis, faisaient rechercher les livres pour former la bibliothèque de Pergame, les héritiers de Nélée enfouirent les leurs dans un souterrain. L’humidité et les vers les y avaient gâtés, lorsque, longtemps après, la famille