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conservation, une telle Providence suppose un Bien créateur, tout-puissant, sachant toutes choses : omniscient pour qu’il puisse prévoir, tout-puissant pour qu’il agisse à son gré, créateur pour que rien ne limite sa puissance. Or, tout ce que dit Aristote sur la nature de l’être suprême est en contradiction manifeste avec cette idée. Le Dieu vraiment providentiel est un Dieu qui travaille, c’est un actif ouvrier sans cesse occupé à la réparation, à la perfection de son œuvre ; tandis que le dieu d’Aristote, s’il a les yeux sans cesse ouverts, et jamais il ne s’endort : où serait sans cela, dit Aristote, son excellence et sa dignité ? c’est sur lui-même, et sur lui uniquement, que porte son éternelle contemplation ; la science de Dieu n’est plus qu’une conscience : à ce point de vue, en tant qu’être qui sait, Dieu, pour Aristote, n’est, et ne peut être que la pensée de la pensée.

Tels sont les éléments fondamentaux de la doctrine développée dans la Métaphysique ; tel est du moins le sens général que nous avons cru saisir dans ce grand ouvrage. Mais cette doctrine, est-on en droit de l’attribuer à Aristote ? Notre esquisse suppose ce qu’on a mis en question, à savoir, l’authenticité de la Métaphysique. Il convient donc d’apprécier les doutes qu’a fait naître l’examen, et de donner une idée d’une controverse à laquelle ont pris part des critiques célèbres, depuis Samuel Petit et Ménage, jusqu’à Brandis et à M. Cousin.

Il y a un passage de Strabon, et deux autres passages, l’un de Plutarque, l’autre de Suidas, dont on a tiré, relativement à l’histoire des œuvres d’Aristote, des conséquences qu’il nous est impossible d’admettre.