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§ 10[1]. Mais tous les animaux presque sans exception, et bien manifestement ceux qui marchent, ont en eux-mêmes la cavité de l’estomac, qui est pour eux une sorte de terre ; c’est de l’estomac que, comme les végétaux par leurs racines, ces animaux doivent, au moyen de quelque organe, tirer leur nourriture, jusqu’à ce que la digestion qui en est la suite soit achevée et complète. Le travail de la bouche transmet les aliments à l’estomac, et c’est de l’estomac qu’un autre

  1. Une sorte de terre. L’expression est très-remarquable, à la fois parce qu’elle est fort juste et parce que les métaphores de ce genre sont excessivement rares dans Aristote. On trouvera dans Cuvier des idées tout à fait analogues, revêtues aussi d’un langage admirable, Anatomie comparée, Ire leçon, pp. 12 et suiv., Ire édit. Après avoir parlé des végétaux qui sont attachés au sol, il ajoute : « Les animaux, au contraire, qui ne sont pas fixés, et qui changent souvent de lieu, devaient pouvoir transporter avec eux la provision de sucs nécessaires à leur nutrition. Aussi ont-ils reçu une cavité intérieure dans laquelle ils placent les matières qui doivent leur servir d’aliments, etc., etc. » Puis, Cuvier répète l’expression énergique de Boerhaave, qui voit dans les vaisseaux absorbants des viscères « de véritables racines intérieures ». Il était possible, comme le montre notre texte, de remonter jusqu’au naturaliste grec pour lui faire honneur de cette image, que les plus grands physiologistes seraient heureux d’avoir trouvée. — Tirer leur nourriture. C’est ce que font les vaisseaux lymphatiques, pompant successivement le liquide nourricier dans le canal intestinal, pour le répartir dans toutes les parties du corps. — Transmet les aliments à l’estomac. C’est bien l’ensemble du phénomène dans sa partie essentielle ; mais les progrès de l’anatomie et de la physiologie ont permis à la science moderne de pousser l’analyse beaucoup plus loin. Il faut lire dans l’Anatomie comparée de Cuvier tout ce qui concerne la digestion, lec. XVIe et suivantes, depuis les dents jusqu’aux excrétions. — Un autre organe. Ceci est trop vague pour expliquer tout ce travail qui se fait dans les intestins après celui de l’estomac ; Aristote ne connaissait pas les vaisseaux chylifères et lymphatiques.