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§ 7[1]. Nécessairement tout être qui se développe et s’accroît doit prendre de la nourriture, et toute nourriture ne peut venir que d’une matière liquide et d’une matière sèche. La digestion et le changement des deux ne peuvent avoir lieu que par la puissance de la chaleur. Tous les animaux, toutes les plantes doivent nécessairement pour cette cause, si ce n’est pour d’autres causes encore, avoir un principe de chaleur naturelle, qui se trouve dans plusieurs parties de leur organisation, de même que les élaborations successives de la nourriture s’accomplissent également dans plusieurs parties du corps. § 8[2]. La première

  1. Nécessairement… Toutes les considérations qui suivent sur la nutrition et la chaleur sont très-justes, bien que peu précises ; nous en savons aujourd’hui bien davantage ; mais au temps d’Aristote, les notions qu’il donne étaient bien neuves. — Se développe et s’accroît.. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — Doit prendre de la nourriture. De là vient que la fonction de la nutrition est générale dans toute la nature animée, dans les plantes aussi bien que dans les animaux. — Liquide et… sèche. Il aurait mieux valu dire : Ou, au lieu de Et. L’alimentation se fait nécessairement sous l’une de ces deux formes, ou sous les deux à la fois. — La digestion, Ou, la Coction, le mot grec a les deux sens ; et la digestion est bien en fait une sorte de cuisson des aliments. — La puissance, Ou, la Force. — Tous les animaux, toutes les plantes… La théorie est juste et irréfutable ; mais on ne sait rien pour ainsi dire de la digestion et de la coction chez les plantes, tandis que l’on connaît assez bien ces deux fonctions chez les animaux, — Un principe de chaleur naturelle. C’est le résultat de l’action du cœur et de la circulation chez les animaux supérieurs. — Plusieurs parties de leur organisation. Il aurait fallu désigner quelques-unes de ces parties. — Les élaborations. Ce mot est le mot même du texte ; j’ai ajouté l’épithète de Successives. Voir dans Cuvier, Anatomie comparée, tome III, Ire édit., le préambule de la XVIe leçon sur les organes de la digestion.
  2. . La première opération… par la bouche. C’est également ainsi que Cuvier commence l’étude de la digestion. Cet ordre est nécessaire, et il résulte évidemment de la nature des choses ; mais Aristote a le mérite de l’avoir appliqué le premier. — Pour être divisée. Cette fonction est accomplie dans la bouche par les dents, dont les formes diverses répondent aux diverses phases de cette première élaboration. Plus loin, liv. III, ch. I, Aristote reviendra longuement sur ce rôle des dents et de la bouche. — La bouche… n’est pour rien… elle prépare. Nous ne saurions mieux dire aujourd’hui. — Une bonne digestion. C’est un point d’hygiène incontestable ; et de là, l’importance que tous les médecins et les grands zoologistes ont attachée à l’étude des mâchoires et des dents ; voir l’Anatomie comparée de Cuvier, qui y a consacré trois leçons entières, XVIe, XVIIe et XVIIIe — En petites parcelles C’est l’effet de la mastication. — Plus facile à la chaleur. Ceci n’est pas faux ; mais c’est surtout l’action de l’estomac qui est facilitée par la première élaboration des dents. — La cavité supérieure… inférieure. La cavité ici, c’est d’abord la bouche, et ensuite l’estomac, qui l’un et l’autre sont creux et forment une cavité. Peut-être faut-il aussi comprendre l’estomac et le conduit intestinal, l’estomac étant considéré comme la partie supérieure, et l’intestin comme la partie inférieure ; mais le sens que je donne dans la traduction me semble préférable, à cause de ce qui précède.